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Les Lumières
Le siècle des Lumières est un mouvement littéraire et culturel que connaît l'Europe du XVIII e siècle et qui se propose de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances.
Des philosophes et des intellectuels encouragent la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États.
Le siècle se veut éclairé par la lumière métaphorique des connaissances.
Primauté de l’esprit scientifique
La réflexion politique (désacralisation de la monarchie)
Les progrès de l’esprit critique (remettre en question, réfléchir par soi-même, effort intellectuel pour comprendre)
L’idée de tolérance (la bêtise, le manque de culture et de savoir, et l’ignorance rendent intolérants)
Diderot et D’Alembert consacrent plus de vingt ans à la création de L’encyclopédie (rassembler les connaissances)
Démocratisation du savoir
Olympe de Gouges, pionnière du féminisme (vidéo)
Mme de Staël, femme de tête (pour en savoir plus, cliquez ici)
Nicolas de Condorcet, Réflexions sur l'esclavage (1781)
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Le libertinage
En littérature, le libertinage est un sujet récurrent, en corrélation avec l'amour, les relations humaines et la sexualité.
Très vite le terme prend un sens lié à la religion.
Au XVIIe siècle, ce mot désignait plus particulièrement celui qui était affranchi de toute doctrine religieuse, autrement dit celui qui avait une liberté de penser.
Au XVIIIe siècle, s'ajoute à ce sens une idée de transgression morale.
L'Encyclopédie en donne une autre définition, éloignée de son sens religieux originel :
C'est l'habitude de céder à l'instinct qui nous porte aux plaisirs des sens
Version de l'Encyclopédie éditée entre 1751 et 1772, sous la direction de Denis Diderot et d’Alembert
Le libertinage est un courant de pensée qui naît au XVIème siècle en Italie avec des auteurs comme Machiavel, puis que l’on retrouve en France au siècle suivant. C’est un mouvement originellement aristocratique, qui naît d’abord à la cour du roi.
En France, le jeune poète Théophile de Viau en est le chef de file, au début du XVIIe siècle. Le libertin, selon son sens premier, est donc considéré comme celui qui se libère des contraintes religieuses et philosophiques. On parle alors de libre penseur.
Leur but est de provoquer, les libertins n’hésitent pas à faire scandale. Au XVIIIe siècle, les femmes acquièrent un pouvoir intellectuel plus important, on ose alors parler de désir et de passion. C’est le siècle où le libertinage trouve son véritable essor.
Contrairement au XVIIe siècle où l’idéal amoureux se figeait dans un amour absolument vertueux, cette nouvelle époque voit ce modèle se déconstruire.
Le XVIIIe siècle se base au contraire sur l’expérimentation, et ce à tous niveaux, donc amoureux y compris.
Le libertinage devient ainsi peu à peu une notion liée au domaine de la sexualité.
D'ailleurs, la définition complète de L'Encyclopédie se dirige vers un sens plus charnel :
C'est l'habitude de céder à l'instinct qui nous porte aux plaisirs des sens, il ne respecte pas les mœurs, mais il ne s'affecte pas de les braver, il est sans délicatesse.
Version de l'Encyclopédie éditée entre 1751 et 1772, sous la direction de Denis Diderot et d’Alembert
Le libertin ne reconnaît ainsi aucune autorité supérieure à celle de sa conscience.
Les personnages libertins présentent souvent des traits communs qui les distinguent des autres protagonistes. Ils sont souvent :
Des intellectuels
Des aristocrates
Des individus haut placés (royauté, etc)
Des personnes riches
Homme ou femme, ils possèdent les traits de personnalité suivants :
Cultivé·e, venant des hautes sphères de la société et donc ayant bénéficié d'une éducation
Charismatique, à l'aise dans ses relations sociales, l'aidant à exploiter les faiblesses des autres
Obsédé·e par sa quête de plaisirs sensuels, souvent au mépris des normes sociales et morales
Séducteur·trice manipulateur·trice et souvent cynique sur l'amour au sens pur
Le plus souvent, ces personnages se moquent des autres en les séduisant, en les trompant et en les soumettant à leurs seuls désirs.
La littérature libertine aborde des thèmes qui font écho aux préoccupations et aux tabous de l'époque, tels que :
La transgression des normes morales et religieuses
La critique de l'hypocrisie sociale
La quête de liberté individuelle
L'exploration de la sexualité
La littérature libertine remet également en question les institutions sociales et religieuses, et interroge les notions de pouvoir, de désir et de culpabilité.
Les motifs récurrents dans la littérature libertine comprennent :
Les scènes de débauche
Les jeux de pouvoir et de manipulation
Les duels d'esprit
Les intrigues amoureuses
Ces motifs servent à illustrer les excès et les dérives des personnages libertins, tout en fournissant des commentaires sociaux et philosophiques sur les normes et les valeurs de la société humaine.
Les personnages libertins, dotés de traits communs tels que la séduction, la manipulation et la recherche de plaisirs sensuels, incarnent souvent des critiques sociales et philosophiques profondes.
Les thèmes et motifs récurrents dans la littérature libertine reflètent les préoccupations et les tabous de l'époque, offrant une réflexion sur la morale.
La littérature libertine, bien qu'elle ait été controversée à différentes époques, joue un rôle essentiel dans la critique sociale et philosophique
Elle remet en question les dogmes et invite à repenser les notions de moralité, de liberté individuelle et de conformité sociale.
Les écrits libertins ont contribué à élargir les horizons littéraires en explorant des thèmes tabous et en repoussant les limites de la représentation.
Le Marquis de Sade est considéré comme un auteur libertin.
Propre au siècle des Lumières, le récit libertin se caractérise par la volonté de convaincre et de persuader, privilégiant ainsi la dialectique (c’est-à-dire l’art de raisonner), puisque le séducteur doit amener l'autre à reconnaître la loi du plaisir, et prend lui-même du plaisir dans l’art de raisonner.
Pour Marivaux (allez voir à la lettre M) ou Sade (allez voir la lettre S), les récits libertins ont un but moral : il s'agirait de décrire les vices pour mieux protéger la morale. Or si ces auteurs défendent ainsi leurs objectifs, c'est pour éviter la censure. Certains lecteurs continuent de penser, à tort, qu'il s'agit de récits moraliseurs.
Au niveau de la forme, le récit libertin utilise celle qui était à la mode du XVIIIe siècle : le roman épistolaire. Il permet de multiplier les points de vue, de montrer la stratégie du séducteur et de montrer toutes les conséquences sur les victimes.
Le libertinage a traversé différentes époques littéraires et a laissé son empreinte sur plusieurs courants littéraires majeurs à savoir :
La littérature classique
La littérature des Lumières
La littérature romantique
Dans la littérature classique, le libertinage était souvent représenté comme une remise en question des valeurs morales et sociales établies. Des œuvres telles que Les Amours de Pierre de Ronsard et La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette offrent des exemples de personnages libertins qui se rebellent contre les conventions amoureuses et sociales de leur époque. Ces œuvres explorent les conséquences de la liberté individuelle et des choix moralement ambigus.
Au siècle des Lumières, le libertinage littéraire a connu un essor significatif. Des auteurs tels que Voltaire, Diderot et Montesquieu ont utilisé le libertinage comme un moyen de critiquer l'autorité religieuse et politique. Les écrits libertins de cette époque ont remis en question les dogmes et les croyances établies, mettant en avant la raison et la liberté de pensée. Les personnages libertins de ces œuvres étaient souvent des intellectuels érudits, utilisant leur esprit critique pour remettre en question les normes sociales et morales, ou même religieuses.
Le XIXe siècle ne signe pas la fin du libertinage, mais ce courant est beaucoup moins présent. Son influence devient secondaire, quitte à disparaître progressivement.
La raison principale étant que le XIXe siècle voit naître un courant qui se place bien loin des codes du libertinage et qui prendra une ampleur sans précédent : le romantisme.
Cela dit, le sens du mot « libertinage » a tellement évolué que désormais, c’est d’abord la dimension sexuelle qui prime. La dimension religieuse a disparu. Les pratiques dites « libertines » font plutôt référence à des pratiques érotiques, à de l’échangisme, ou simplement à une sexualité jugée débridée, car choquant la morale.
C’est la notion de liberté qui a subsisté et qu'il faut retenir.
Cela mène naturellement la littérature vers d'autres espaces d'analyse, notamment à travers une réinterprétation contemporaine du libertinage. Dans la littérature moderne, le libertinage a été réinterprété de diverses manières. Certains auteurs ont exploré le libertinage à travers le prisme de la psychologie et de l'exploration de soi, tandis que d'autres l'ont abordé comme une critique de la société de consommation et de l'aliénation de l'individu.
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Le roman du sentiment
Le roman sentimental donne une vision idéalisée de l’amour (vision désirée, authentique ou moralisatrice).
Ainsi, Rousseau dans Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761) développe une conception magnifiée de l’amour que l’on retrouve également dans Paul et Virginie (1788) de Bernardin de Saint Pierre.
La méfiance envers le genre romanesque justifie le recours à des titres qui font croire à la véracité de la fiction (Mémoires, Lettres, Histoire).
Les auteurs insistent, dans leurs préfaces, sur l’origine authentique d’un récit qu’ils ne font que transmettre.
Ainsi, l’abbé Prévost, dans l’Avis de Manon Lescaut, se présente comme l’auteur des Mémoires d’un homme de qualité et définit son livre comme un traité de morale.